Un TOC, ça fonctionne comment?

Il y a 2 aspects dans le TOC:

1. Ce dont les personnes qui souffrent ont peur (obsessions)
De quoi les gens ont peur? Quelles sont leurs obsessions? Il y a autant d'obsessions que d'être humains. Quand on parle d'obsessions, on parle ici de pensées récurrentes, incontrôlables, on n'arrive pas à s'en débarrasser. Ces pensées provoquent la plupart du temps de l'anxiété. Vos obsessions peuvent se nourrir du monde extérieur: par ex. être contaminé par des germes, causer un terrible accident... ou peuvent simplement provenir de votre monde intérieur: par ex. avoir des pensées récurrentes et involontaires que vous allez agresser un enfant. La plupart des obsessions ont des conséquences dont vous avez très peur: peur de vous blesser ou de blesser les autres, peur de ce qu'une pensée ou une action signifie, peu des pertes, des incompréhensions, peur de l'anxiété qui résulte de vos pensées obsessionnelles, peur des imperfections, peur de ne pas pouvoir vous débarrasser de ces pensées.


2. Ce qu'elles font pour soulager leur peur (compulsions)
Les personnes qui ont des obsessions récurrentes essaient de trouver un moyen de les neutraliser. Les actions qu'elles vont mettre en place sont appelées des rituels ou des compulsions. Certaines compulsions peuvent paraître logiques ou en lien avec la peur, comme se laver les mains par peur d'être contaminé, alors que d'autres peuvent paraître "magiques"sans aucune logique avec la peur concernée, comme par exemple taper sur sa joue gauche trois fois pour éviter une catastrophe.

Quand le cycle du TOC commence, au début, il est assez facile de neutraliser ses pensées angoissantes. Par exemple vous pouvez être sûr que la porte est bien fermée sans aucune inquiétude pendant 10 minutes. Mais plus le TOC progresse, moins vous êtes sûr, et vous développez alors - malgré vous - de nouveaux rituels pour vous rassurer.

Ce que vous avez besoin de faire pour vous rassurer devient le problème (en fait vos tentatives de solution involontaires la plupart du temps,  deviennent le problème), car plus vous faites vos rituels, plus vous "donner de l'eau au moulin", plus vous "donnez à manger à votre TOC". Ce qui est paradoxal, c'est que vous le faites avant tout pour vous soulager. Vous le faites aussi parce que vous êtes poussé(e) à le faire. Mais ce soulagement n'est malheureusement que de courte durée, car si vous rituels vous soulagent, il font en sorte que le cycle du TOC persiste: 
Il y a plusieurs types de compulsions ou rituels:
A. Prévenir ou rétablir
Toutes les actions entreprises pour prévenir que quelque chose de grave arrive à soi ou aux autres ou pour éviter que cela arrive. Par. ex. vérifier que les plaques sont éteintes (prévenir le feu). Se laver les mains ou nettoyer ses habits pour les décontaminer (rétablir un état non contaminé par des germes ou des bactéries).

B. Analyser ce que la pensée signifie
Si une personne a peur d'agresser sa femme ou son enfant. Le rituel  - mental ici - pourrait être par ex. d'essayer de s'auto-convaincre qu'elle n'est pas une mauvaise personne. Si une personne a peur d'avoir blessé quelqu'un sur la route, son rituel pourrait être de visualiser la route dans sa tête pour s'assurer qu'elle n'a écrasé personne.

Souvenez-vous le TOC est plus fort que vous ! Et votre désir de certitude absolue ne pourra jamais être comblé (la seule chose que je sais, c'est que je ne sais pas, disait un grand philosophe). Peu importe le nombre d'évidences que vous pouvez énumérer, il y aura toujours des "Mais si... peut-être..." Imaginez une personne qui souffre d'un TOC et qui a peur d'avoir le SIDA. Au moment de recevoir le test négatif, elle sera rassurée jusqu'à ce qu'une nouvelle pensée surgissent: "et si le médecin s'était trompé de dossier..."

C. Contrôler ou stopper ses émotions  et ses pensées
La plupart des rituels essaient de contrôler ou de stopper certaines émotions, comme l'anxiété qui est le plus souvent éprouvée. Plus l'anxiété est grande, plus vous êtes poussé à faire le rituel.
Par ailleurs, certaines personnes peuvent faire leurs rituels ou s'engager dans des compulsion (sans forcément ressentir de l'anxiété) mais juste pour trouver le 'bon feeling', pour se sentir bien. Une de mes patientes a des rituels de symétrie (elle a besoin de toucher sa dent gauche, puis sa dent droite avec sa langue, juste pour se sentir OK). Les personnes vont également essayer d'éviter ou de 'stopper' leurs pensées afin d'éviter de ressentir l'anxiété qui y est souvent associée. Ces tentatives d'évitement ou de stopper ses pensées sont infructueuses et nourrissent le cycle du TOC.